Bucarest, dont la fondation est liée soit à la légende du berger Bucur, qui a fondé un hameau sur la rive de la rivière Dambovita, soit par le prince Negru Voda, qui a crée une résidence et un centre d'échanges – se trouve dans un endroit ayant derrière une histoire riche (les découvertes archéologiques attestent des établissements humains à une ancienneté de plus de 150.000 années: Fundeni, Dudesti, Pipera, la Butte de Spirea et la monastère Mihai Voda – les dernières se trouvant juste à coté du Palais du Parlement).

   L'histoire du Palais du Parlement et de la zone où il a été bâti est fortement entrelacée avec les premières années de la ville de Bucarest, ainsi qu'avec la période de pointe de la ville quand elle était surnommée "le Petit Paris".

   Tout comme d'autres capitales européennes, Bucarest est né sur les rives d'une rivière, la rivière de Dambovita qui, pour des centaines d'années, a produit de graves inondations. En 1862 "les eaux se sont gonflées atteignant les étages supérieurs des maisons, et les gens sortaient par les fenêtres". Le lieu de naissance de la Cité du royaume de la Valachie (comme on appelait la ville autrefois) est le Palais et la Vieille Cour Princière1, situés près de l'auberge de Manuc2, pas loin de l'emplacement actuel du Palais du Parlement.

   L'image de la ville de Bucarest, avant de se transformer en "le Petit Paris", tel qu'il apparaît dans les vieilles images panoramiques, peut être résumée comme il suit: "un espace vert, duquel il n'y avait que les clochers des églises qui s'élevaient tout droits" ou une ville "à des ruelles étroites et sinueuses, avec les célèbres artères bordées de poutres en bois – les soi-disant ponts"3.

   Entre 1840 et 1894, 29 architectes roumains ont obtenu le diplôme de " l'Ecole des Beaux Arts" de Paris; ils ont représenté la première génération d'architectes qui, à coté d'un groupe d'architectes français, ont commencé la transformation de la ville de Bucarest en capitale européenne.

   L'identité propre en tant que ville occidentale est liée aux années 1859 – l'Union des Principautés et 1877 - l'Indépendance de la Roumanie.

   L'expression "le Petit Paris" est apparue dans les derniers jours du XIXème siècle et s'est imposée autour des années 1900.  Les élégants bâtiments dans le style de la Renaissance française et italienne, des églises orthodoxes baroques, des villas en style Second Empire sont encore partiellement gardées dans l'anneau central de la ville: des maisons, des magasins, des palais, des bâtiments publics, etc. Bucarest a reproduit à une échelle plus petite le modèle de quelques palais publics imposants du monde francophone. Plus que par les bâtiments à une architecture particulière, Bucarest est devenu le "Petit Paris" grâce à l'atmosphère et à la langue française qu'on parlait couramment dans les rues et à certains niveaux sociaux.

   Se trouvant à Bucarest au début du siècle passé, André Bellesort disait que le Palais de Justice était si grand qu'on aurait pu y mettre "les plaidoyers et les avocats des cinq parties du monde", que la Banque Nationale était "le plus beau temple élevé à la fortune" et, sur le Palais des Postes il racontait que, chaque fois que le haut dignitaire Sturdza passait par là, il faisait le signe de la croix, en sachant combien le palais avait coûté.

   Bucarest a été la première ville du monde éclairée par du kérosène (1856), suivie par Vienne, où on a installé les premières lampes seulement en 1859.

   Les journalistes du New York Tim ont écrit sur le "Petit Paris", avec son artère principale Calea Victoriei, illuminée "a giorno" et traversée par les plus modernes taxis à l'époque, que cette dernière était la seule rue de Bucarest qui avait le pouvoir d'attirer les touristes comme s'il y avait un aimant dans l'asphalte.

  Les années suivant la seconde guerre mondiale, avec toutes sortes de privations, ont apporté l'instauration du régime communiste roumain et elles représentent une autre période de nombreuses transformations architecturales à Bucarest, parmi lesquelles on mentionne la construction du Palais du Parlement, mais aucune d'entre elles n'a plus réussi à lui rendre le surnom de "Petit Paris".

   Le Palais du Parlement se trouve sur le site de l'ancien quartier Uranus. Celui-ci était un quartier avec des ruelles en pente, pavées de pierre, avec des vieilles maisons, des maisons roumaines, vieilles et coquettes, à l'air bohème, beaucoup d'entre eux étant des créations des architectes de l'époque. Les habitants faisaient partie de la bourgeoisie: des commerçants, des artisans et des propriétaires de petites entreprises.

   Les anciens habitants se rappellent encore les routes de certaines rues, l'aspect et la couleur des maisons ou des bâtiments, les trams qui montaient difficilement la colline Uranus, les matches du stade A.N.E.F., avec des dizaines de milliers de personnes qui envahissaient les rues avec leur rumeur et avec le murmure de leurs commentaires; ce sont des images gardées également par le film "Angela merge mai departe" (Angela continue sa vie) (1980), peu avant qu'il soit démoli.

   Peu après le tremblement de terre de 1977, lorsque de nombreux anciens bâtiments de Bucarest se sont effondrés, Ceausescu a appelé au Comité Central du Parti Communiste Roumain des spécialistes et des architectes et il leur a présenté son projet de bâtir un nouveau centre politique et administratif à Bucarest - un nouveau centre civique socialiste. Les spécialistes lui ont confirmé que la région d'Uranus était la plus sûre pour la construction d'un nouveau bâtiment, par rapport à la partie basse de la ville, où 28 anciens bâtiments se sont effondrés, faisant plus de 1400 victimes humaines.


1http://www.muzeulbucurestiului.ro/palatul-voevodal-curtea-veche.html

2 http://www.hanulluimanuc.ro/

3Gheorghe Leahu, Bucuresti – Micul Paris, le Journal Officiel